La vie de Philippe Glangeaud

Philippe Glangeaud : Jalons biographiques

Philippe Glangeaud naquit en Creuse, à Saint-Dizier-Leyrenne, le 8 octobre 1866. II était le petit-fils de Léonard, maréchal-ferrant, et le fils de Christophe, marchand, tous deux domiciliés à Saint-Dizier-Leyrenne, canton de Bourganeuf. Comme la Creuse dépendait académiquement de l’Université de Clermont, c’est dans cette ville qu’il vint tout naturellement étudier les sciences naturelles et décrocher une licence. Ses qualités lui valurent d’être remarqué par le professeur Julien, qui se l’associa comme assistant à la Faculté des sciences (1887). Parallèlement, par concours, il devint professeur suppléant à l’Ecole de médecine et de pharmacie de la ville (1888).

En 1890, Philippe Glangeaud obtint une bourse d’agrégation au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, agrégation qu’il décrocha brillamment - il fut deuxième - ; puis, sous la direction de Munier-Chalmas, il soutint une thèse, avec succès, en 1895 (mention très honorable). Le sujet en était Le Jurassique à l’Ouest du plateau central : contribution à l’histoire des mers jurassiques dans le bassin de l’Aquitaine.

Ce séjour parisien lui permit de rencontrer les grands noms de la géologie française de l’époque, Albert Gaudry, Ferdinand-André Fouqué, Alfred Lacroix, Michel Bertrand. Philippe Glangeaud revendiqua particulièrement l’héritage de Fouqué, professeur au Collège de France et introducteur de la pétrographie dans notre pays, qui avait fait connaître la nature et l’ordre de succession des éruptions du massif ancien du Cantal. Philippe Glangeaud sut se rappeler les leçons de ce maître apprécié, pour l’étude physico-chimique des laves des différents districts éruptifs du Massif Central, qui, quoiqu’en apparence semblables, sont en réalité diverses.

Ces études essentiellement spéculatives étaient entrecoupées de sessions de travail sur le terrain, non seulement en France, mais aussi à l’étranger, comme en témoignent ses carnets : l’Ecole des Hautes études le missionna ainsi en Allemagne, en Suisse, en Angleterre et en Italie, où il se concentra sur l’analyse des régions centrales volcaniques. Sa moisson d’articles - plus de trente déjà publiés à 32 ans - le signala à l’attention de la communauté des chercheurs (2 prix avant 1900, le prix Saintour du Collège de France et le prix Viquesnel de la Société géologique de France), ainsi qu’à celle des autorités académiques. C’est ainsi qu’il fut désigné au poste de maître de conférences de Géologie et de Minéralogie nouvellement créé à Clermont-Ferrand en 1898.

Le cursus honorum du géologue ne devait pas se ralentir : toujours à Clermont-Ferrand, professeur adjoint en 1901, il succèda au scientifique Julien, comme titulaire de la chaire de Géologie et de Minéralogie, à la mort de ce dernier en 1906. Sa production scientifique, dont l’activité s’inscrivait désormais dans le cadre du Massif Central, continua d’être prolixe : dans le recueil de ses travaux, édité à la suite du rapport décerné par R. Fric l’année de son décès, on dénombre plus de cent titres sur la région, pour la plupart publiés dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences et dans les Comptes rendus de la Société Géologique de France. Sa curiosité s’étendit des Monts du Forez à la Limagne, du Massif du Mont-Dore à la chaîne des Puys, du Limousin au Livradois. Ce fut Philippe Glangeaud qui, par exemple, montra l’existence d’un effondrement à l’intérieur de la région du Mont-Dore et de la Bourboule.

On peut dire de lui qu’il a posé les fondements scientifiques modernes de l’étude de la géologie du Massif Central. Il s’attacha, qui plus est, à la vulgarisation de la géologie, à travers des contributions à des guides à des revues ou à travers l’élaboration de monographies de grande qualité de clarté et d’exposition. De cette œuvre, le doyen de la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand dira, aux obsèques de Philippe Glangeaud, qu’elle fut susceptible d’une application pratique immédiate, tant en matière de thermalisme, d’adduction d’eau potable que d’énergie (électricité ou recherche de pétrole en Limagne). Les appels nombreux du Ministère des Travaux publics à son expertise furent récompensés par l’attribution de la Légion d’honneur (il en atteignit le grade d’officier).

Philippe Glangeaud avait épousé, par ailleurs, Hélène-Jeanne-Marie-Gabrielle Fontbertasse, le 15 mai 1902, à la mairie de Clermont-Ferrand, dont il eut un fils, Louis Glangeaud, géologue de renom. Les dix dernières années de la vie du professeur furent ternies par la maladie, qui devait l’emporter à la fin de l’été 1930. L’enterrement fut l’occasion de lui rendre un hommage appuyé et fut suivi par l’élévation d’un buste à son effigie dans le Jardin Lecoq, ainsi que par l’octroi de son nom à une rue de la ville, près des universités.